Les inondations sont l’un des risques naturels les plus fréquents et les plus dommageables. Elles peuvent toucher aussi bien des zones rurales que des zones urbaines, et prennent plusieurs formes selon leur origine. Cet article explique de façon claire et pratique les quatre grands types d’inondation : débordement de cours d’eau, remontée de nappe phréatique, ruissellement d’eaux pluviales et refoulement du réseau sanitaire.
Pour chacune de ces quatre catégories, nous verrons comment l’événement se produit, quels sont les signes avant-coureurs et les impacts typiques, et quelles sont les premières mesures simples et efficaces à connaître.
Chaque section décrit le phénomène, les indices sur site, les risques pour les constructions, les bonnes pratiques de prévention et des solutions techniques adaptées pour les professionnels et les particuliers.
Les explications sont tirées de sources techniques et institutionnelles françaises mentionnées en bas de cet article.
Avant de vous expliquer dans le détail les quatre types d’inondation que l’on peut rencontrer, rappelez vous que suite à la phase d’urgence, un diagnostic sera nécessaire pour voir dans quelle mesure toute cette eaux a pénétré dans les matériaux.
Selon le cas, il pourrait être nécessaire de mettre en place une solution d’assèchement de l’air et voir d’asséchement des murs si l’eau a imbibé les matériaux. Assécher les murs permet de préparer sereinement la remise en état de votre logement.
1/ Inondation par débordement de cours d’eau
Description et Mécanismes de l’inondation par débordement de cours d’eau
Le débordement de cours d’eau survient lorsque le débit d’une rivière, d’un fleuve ou d’un ruisseau dépasse la capacité de son lit et de ses berges. Ceci conduit l’eau à sortir de son lit habituel (lit mineur) pour envahir la plaine (lit majeur).
Le débordement du cours d’eau peut résulter d’un épisode pluvieux intense, d’une fonte rapide des neiges, d’un enchaînement de pluies sur sol déjà saturé, ou d’un aménagement qui réduit la capacité d’écoulement en aval.
Ce phénomène peut être rapide (crue éclair) ou progressif (crue lente sur plusieurs jours) dont les spécificités sont :
- Les crues lentes de plaine : montée progressive des eaux liée à des pluies étendues ou à la fonte des neiges. La montée peut durer plusieurs heures à plusieurs jours.
- Les crues rapides (ou crues torrentielles) : montée très rapide des eaux en quelques minutes ou heures. Elle est plus fréquente en terrain pentu après des pluies intenses. Ces crues transportent souvent des matériaux (sables, galets, bois) qui augmentent les dégâts.
Signes avant-coureurs d’une inondation par débordement
Les signes qui doivent alerter sur le risque de débordement d’un cours d’eau sont :
- Hausse notable du débit et du niveau d’un cours d’eau en amont.
- Niveau d’eau qui monte rapidement et dépasse la végétation habituellement mouillée.
- Brouillard de vase, débris flottants, branches charriées.
- Apparition d’embâcles (accumulation de débris) au niveau d’ouvrages (ponts, passerelles) qui peuvent brusquement rompre.
- Alertes météo / vigilance des services officiels.
Impacts d’un débordement de cours d’eau
L’incidence d’un débordement de cours d’eau peut être peu significatif mais aussi dramatique.
- Infiltration massive par soubassements, caves et rez-de-chaussée.
- Montée d’humidité dans les matériaux de construction.
- Submersion d’habitations situées dans le lit majeur.
- Affouillement des fondations si le courant érode les berges ou le terrain voisin.
- Graves dommages aux infrastructures (routes, ponts), risques d’effondrement.
- Contamination des bâtiments par eaux polluées, sédiments et polluants.
Les crues rapides sont particulièrement dangereuses du fait de leur vitesse et du transport de matériaux.
Prévention et mesures techniques
- Implanter les constructions hors des zones à fort risque lorsque c’est possible ; respecter les cartes d’aléa et plans locaux d’urbanisme.
- Surélévation des bâtiments ou des équipements sensibles (tableaux électriques, chaudières) au-dessus des hauteurs de référence.
- Réaliser des murs étanches et des dispositifs anti-inondation temporaires (batardeaux, clapets, protections amovibles aux portes).
- Conception de fondations adaptées : renforcement et drainage des ouvrages, protections contre l’affouillement.
- Prévoir des points faibles contrôlés (clayonnage) pour limiter la pression hydrostatique et éviter les ruptures catastrophiques.
- Entretien régulier des berges et du lit du cours d’eau pour éviter l’envasement et la diminution de capacité d’écoulement.
Conseil : Si vous êtes acheteur d’un bien immobilier, assurez-vous de connaitre l’historique des crues locales, prenez le temps de vous renseigner pour réaliser un achat plus serein ou en connaissance de cause.
Actions immédiates lors d’un débordement de cours d’eau
Lors du débordement d’un cours d’eau et en cas de menace, ne prenez aucun risque.
- Respectez les consignes d’évacuation et les alertes (si impossible d’évacuer, se réfugier aux étages supérieurs).
- Protégez les prises électriques et appareils en relevant meubles et équipements si le temps le permet.
- Coupez l’électricité et les circuits gaz s’il y a risque de submersion.
- N’entrez pas dans l’eau stagnante sans protection, elle peut être polluée et dangereuse.
Après retrait des eaux : séchage contrôlé, diagnostic humidité par professionnel, vérification des fondations, traitement des bois et maçonneries affectés, purge et désinfection des circuits d’eau potable.
2/ Inondation par remontée de nappe phréatique
Description et Mécanismes d’une inondation par remontée de nappe phréatique
La nappe phréatique est la couche d’eau souterraine peu profonde qui alimente puits et sources. Une remontée de nappe se produit lorsque le niveau de cette eau souterraine augmente jusqu’à atteindre ou dépasser la surface du sol ou le plancher des sous-sols (garages, caves).
Cette hausse peut être due à des pluies prolongées, à la saturation des sols, à des variations saisonnières, ou à des interactions avec des nappes profondes. Ce phénomène est souvent lent et peut durer longtemps (jours à semaines).
La topographie, la nature du sol (argileux, imperméable) et la présence de couches peu perméables favorisent ce phénomène.
Signes avant-coureurs d’une inondation par remontée de nappe phréatique
L’inondation par remontées de nappe étant un phénomène normalement lent, certains signes peuvent apparaitre bien en a amont de sa survenue.
- Apparition d’humidité persistante et de remontées capillaires sur les murs de sous-sol.
- Flaques d’eau stagnante en caves ou jardins sans écoulement apparent.
- Perte de rendement des puits et modifications du niveau des fontaines locales.
- Efflorescences salines sur maçonnerie, peinture qui cloque et développements de moisissures.
- Sols très saturés et suintement en bas de pente.
- Sensation d’humidité ascendante depuis la dalle ou les murs de fondation.
Impacts de remontées de nappes phréatiques
L’atteinte au bâtiment peut être plus durable car le phénomène se produit lentement.
- Humidité ascendante et saturation des matériaux, dégradation des enduits et isolation.
- Dégradation progressive des fondations et des murs (salpêtre, efflorescences) ;
- Dégradation continue des finitions intérieures, circuits électriques bas, équipements en sous-sol.
- Impossibilité d’utiliser les sous-sols ;
- Dommage aux biens stockés en sous-sol et risques électriques si équipements immergés.
- Risques pour les réseaux enterrés (fuites amplifiées, corrosion
- Difficulté à assainir car il s’agit d’un apport d’eau par le bas, donc moins visible que la submersion par surface.
Prévention et mesures techniques
Sur le long terme, des travaux de relevage de l’étanchéité, la mise en place de drains et de membranes étanches peut être nécessaires après étude technique. Les cartes de sensibilité établies par le BRGM aident à localiser les zones à risque.
Actions immédiates lors de remontées de nappes phréatiques
- Ne pas tenter de pomper sans diagnostic : pomper peut déplacer la nappe sans résoudre la cause ;
Vérifier la perméabilité du sol autour des fondations et améliorer le drainage (drains périphériques, puisards).
3/ Inondation par ruissellement d’eaux de pluie
Description et Mécanismes de l’inondation par ruissellement.
Le ruissellement se produit quand l’eau de pluie n’a pas le temps de s’infiltrer (sol déjà saturé, sols imperméables, forte pente) et s’écoule à la surface. Il peut se concentrer en coulées et se diriger vers les points bas (rues, garages, rez-de-chaussée).
En zone urbaine, l’imperméabilisation accentue le phénomène en augmentant la quantité d’eau qui s’écoule à la surface. Le ruissellement peut provoquer des coulées de boue et des inondations rapides localisées.
Signes avant-coureurs d’un risque de ruissellement d’eau de pluie.
Le ruissellement d’eau de pluie est un phénomène intense et peu prévisibles (dépend des conditions météo) dont les signes sont visibles lorsque le phénomène se produit.
- Pluie très intense et brève (forte pluie concentrée).
- Accumulation d’eau dans les fossés et débordement de caniveaux.
- Écoulements visibles le long des voiries, trottoirs et vers les points bas.
- Incapacité des systèmes d’évacuation existants à absorber les débits lors d’orages.
- Inondation rapide des parkings et accès.
- Apparition de coulées de boue ou d’eau sur des pentes habituellement sèches.
- saturations répétées des dispositifs de gestion des eaux pluviales (bouches, bassins).
Impacts
- Inondations localisées mais parfois violentes (coulées de boue).
- Dégradation des sols, érosions et colmatage des réseaux d’assainissement.
- Dommages aux habitations basses
- Risques pour la circulation (routes coupées).
- Contamination par matières charriées (boue, débris).
Prévention et mesures techniques
Un bon outil de prévention des inondations par ruissellement consiste à favoriser l’infiltration, multiplier les surfaces perméables et entretenir les réseaux et bassins de rétention urbains.
- Limiter l’imperméabilisation des surfaces lors de projets : favoriser les solutions perméables (pavés drainants, enrobés drainants, jardins filtrants).
- Aménager des dispositifs de rétention, infiltration ou stockage tampon (cuves, noues, bassins de rétention).
- Installer des dispositifs de séparation et de ralentissement des eaux (chicanes, caniveaux dimensionnés).
- Relever seuils, créer zones tampon devant portes d’accès et garage, ou installer barrières amovibles
- Prévoir l’évacuation des eaux pluviales de toiture vers récupérateurs ou systèmes d’infiltration plutôt que vers le réseau public saturé.
Actions immédiates et prévention lors de ruissellement important d’eau de pluie
Le phénomène apparait de manière très rapide et peu prévisible. Il est souvent trop tard pour de grande manœuvre lorsque le ruissellement d’eau est visible.
- En cas d’événement : éviter de traverser des zones inondées, mettre à l’abri les objets de valeur et couper l’électricité si l’eau progresse.
4/ Inondation par refoulement du réseau sanitaire (eaux usées)
Description et Mécanismes
Le refoulement du réseau sanitaire correspond à la remontée des eaux usées par les canalisations domestiques (égouts, drains) vers l’intérieur d’un bâtiment (bouches d’évacuation, sanitaires, drains).
Le refoulement peut être causé par une surcharge du réseau public (par exemple pendant de fortes pluies), une obstruction locale, un mauvais dimensionnement, de pentes insuffisantes ou l’absence de clapet anti-refoulement.
Contrairement aux autres types d’inondation, il s’agit d’une remontée d’eaux chargées (eaux vannes et eaux usées) ce qui ajoute un risque sanitaire important.
Signes avant-coureurs d’un risque de refoulement des eaux usées
- Odeurs d’égout persistantes même après nettoyage.
- Lente évacuation des eaux dans la maison.
- Alvéoles de regards publics pleins ou débordants.
- Reflux d’eaux usées par les canalisations intérieures : toilettes, douches, lavabos ou siphons qui rejettent de l’eau.
Impacts
- Pollution intérieure forte, dégâts d’odeur.
- Contamination biologique (bactéries, virus), chimique et forte odeur.
- Dégradation des revêtements, des plinthes et du mobilier exposé.
- dommages aux équipements, aux revêtements et aux revêtements de sol.
- Risques sanitaires élevés pour occupants si pas traités rapidement.
- Importants travaux de désinfection et d’assainissement après l’événement.
- Intervention sanitaire lourde et coûts de remise en état élevés.
Prévention et mesures techniques
- Installer un clapet anti-refoulement sur la canalisation sortante, vérifié et entretenu régulièrement.
- Prévoir un système de relevage avec pompe et vide sanitaire si le réseau public est plus haut que le plancher bas.
- Assurer l’entretien régulier des canalisations et regards (débouchage, curage).
- Lors de rénovation ou construction, concevoir l’assainissement en tenant compte des risques locaux et en respectant les règles de pente et diamètre de tuyauterie.
- Dimensionner les réseaux internes pour éviter les efforts de charge et prévoir des points de purge.
- Ne pas tout jeter dans les réseaux (lingettes, graisses) pour limiter les obstructions.
Actions immédiates
- Ne pas entrer en contact direct avec les eaux de refoulement ; porter gants et bottes si une intervention est nécessaire ;
- couper l’eau et l’électricité si l’eau atteint des installations électriques.
- prévenir la collectivité/gestionnaire du réseau et faire intervenir un plombier si nécessaire.
Conclusion — reconnaitre le type d’inondation pour mieux agir
Chaque type d’inondation a un mécanisme, des signes et des conséquences qui lui sont propres. Identifier correctement l’origine (débordement d’un cours d’eau, nappe qui remonte, ruissellement de surface ou refoulement d’eaux usées) permet de prendre les bonnes décisions immédiates et les solutions adaptées à moyen/long terme.
Rappels pratiques et priorités :
- En cas d’alerte officielle, suivez prioritairement les consignes des autorités.
- Pour tous les types d’inondation :
- Coupez l’électricité si l’eau gagne l’habitation,
- Relevez les biens de valeur si possible, ne traversez jamais des zones sous eau en voiture.
- pour la santé : évitez le contact avec les eaux de refoulement et faites désinfecter après immersion.
- Aménager l’extérieur pour favoriser l’infiltration (jardin, revêtements perméables) et éviter que l’eau converge vers la maison.
- en prévention : s’informer sur la vulnérabilité locale (cartes, plans de prévention), entretenir les berges et réseaux, et faire expertise (drainage, étanchéité, clapets) en cas d’antécédents.
Sources principales consultées (sélection)
- Géorisques — Dossier expert sur les inondations (définitions, crues lentes/rapides, ruissellement). Géorisques
- BRGM — cartographie et guide sur la sensibilité aux remontées de nappe. BRGM
- OFB — questions/réponses générales sur les inondations. Office Français de la Biodiversité
- SEDIPEC — fiches pratiques sur débordement de cours d’eau et ruissellement.